De Paris en piscine Le blog de Papillonista

Mardi au coeur de Paris

En entrant dans le hall de la piscine, soudain je change d’avis et je m’en vais visiter la Sainte Moustache juste à coté … ( l’église Sainte Eustache, pardon, SAINT  Eustache) … J’y pense : Eustache vient du grec : EU qui est un suffixe positif (ça veut dire « bien », « bon »), et stakos, ou stakê (sigma, tau, alpha, khi, êta ) qui veut dire …  je n’en sais rien, je vais regarder sur internet… 🙂 dès que ce blog me lachera… 🙂 Je viens de regarder : Eustachios en grec ancien signifie :qui porte de beaux épis, qui est fécond…

C’est vraiment « A l’aise », dedans, la nef haute, et toutes sortes de vieilleries partout, comme dans toutes les églises, que nous respectons, des tableaux, des dorures, des piliers, des bénitiers, des statues de saints et d’évêques, de beaux vitraux, avec des scènes de la vie  du Christ, Marie, etc… L’église est chauffée, on le sent, et je ne sais pas si c’est la rumeur de la ville ou bien la rumeur de la grosse machine à chauffer qui  produit une sorte de bourdonnement continu, à travers lequel  on entend le silence de l’église … 

Au milieu de la nef, à peu près, se trouve une petite casemate moderne, qui ressemble furieusement à la caisse de Berlioux, avec un entourage et un toit de verre ou de plexi transparent, tout autour sont disposées des revues ronéotypées, (est-ce qu’on dit comme ça  maintenant), des tracts, des appels à la prière ou des recommandations, des bulletins, par exemple un tract jaune annonce « Marche, retraite 2014, le chemin cistercien en Bourgogne, programme et bulletin d’inscription » Je ne sais pas vous, mais moi ça me donne immédiatement l’envie d’envisager d’y aller, même si je sais plus ou moins que je n’irai pas …

Il y a des bougies (2,50eu), des cierges, et des cartes postales à vendre, et une dame d’un certain age est assise à l’intérieur de la casemate, c’est sans doute une paroissienne bénévole, et elle lit . je frappe discrètement à la porte et lui demande où se trouve le triptyque de Keith Haring, dont je viens juste d’apprendre l’existence … (il en existe 6 autres exemplaires ailleurs dans le monde).

Le triptyque « la vie du Christ »  de Keith Haring … Oui, vous avez bien lu, Keith Haring …  Installée dans une niche de l’église, sur les cotés, il s’agit d’une oeuvre avec 3 volets, les dimensions c’est (à peu près, je ne voulais pas avoir l’air de mesurer)  1,20 de hauteur X 2 m , le volet central est plus grand… C’est un triptyque  de même que le « Jardin des Délices  » de Jérôme Bosch  en est un aussi … Les triptyques ont beaucoup été utilisés pour des oeuvres religieuses..;

On voit l’oeuvre tout de suite parce qu’elle étincelle dans la pénombre : C’est en bronze, avec patine or blanc, je suppose que Haring s’est servi de feuille d’or … J’ai vu un jour un peintre utiliser la feuille d’or, c’est assez coton, si on veut que ce soit bien fait …

Sur le panneau central, qui se termine en haut par une sorte de petite rotondité bombée, une croix, en dessous un coeur qui est aussi la figure de quelque chose de tutélaire qui tient (on voit l’esquisse des 2 bras) dans ses bras une silhouette d’enfant .la forme générale du triptyque fait penser à un ange compact avec 2 ailes.

Le panneau de gauche , ce sont des bras qui se tendent et , au dessus des silhouettes qui sont projetées ou qui tombent… Le panneau de droite, ce sont des bras qui se tendent, et, au dessus, des silhouettes d’anges, je pense, car on voit de grosses ailes..;

Tout ça à la manière de Keith Haring, c’est juste l’entourage des silhouettes, comme dans les BD, et les personnages ou les objets  stylisés  avec des grosses gouttes bombées de sueur, ou de larmes, autour … Je vois des parentés entre le dessin de Keith Haring et le dessin de Crumb,(ancienne BD américaine),  même si ça ne saute pas aux yeux immédiatement En général, il dessinait en noir et blanc, ou avec des traits de 2  ou 3 couleurs, un dessin assez construit, malgré tout, avec des objets, des personnages isolés, presque abstraits, des points, des signes, mais toute la page était remplie … Je décris ça de mémoire …

J’ai été frappée de voir la date de l’oeuvre : 1990 … C’est aussi l’année de sa mort, du sida, années 80, années pas terribles de ce point de vue, il n’y avait rien, les gens mouraient … Son oeuvre dans l’église, est terriblement austère, en fait … C’est comme s’il avait lancé et fixé un dernier rayon , unique, avant de partir… 

Un texte de l’église, à coté de l’oeuvre de Keith, qui se termine ainsi :  » …. A l’image de beaucoup de malades du sida qui ont été accompagnés dans cette paroisse ces dernières années  » …

Plus loin dans l’église, il y a une oeuvre trés joyeuse et belle , une sorte de sculpture colorée, qui me plait beaucoup , j’en parlerai une autre fois … Le contraste entre les 2 … Quand je suis sortie, il y avait un Mr qui depuis un moment faisait je ne sais quoi dans l’église, déplaçait des cierges, etc… Je lui ai demandé s’il était le bedeau (je me croyais dans un roman anglais du 19ème sans doute), mais non, c’était juste un bénévole qui aidait l’église me dit-il … J’ai failli lui demander ce qu’il pensait de la place Cassin transformée, c’eût été intéressant, comme réponse, j’en suis sure … Après tout, il a le nez sur la place Cassin tout le temps : Ah, oui, et encore dire que les 2 immenses volets verts à l’intérieur de l’église, qui permettent d’ouvrir ou de fermer cet accès (en deça du vitrage) sont en bois épais pour les contreforts, et en bois trés léger pour les panneaux … Peut-être les églises, à la fin du 21ème siècle,  seront-elles les derniers lieux où on pourra voir des portes en bois, des piliers en pierre, des carreaux en vitrail, etc…

Après ça je suis allée à Berlioux où je me suis trainée en faisant une brasse tranquille du début jusqu’à la fin, sauf pour les derniers 500m … A l’entrée de Berlioux, il y avait une nana avec un magnétophone qui m’a demandé mes impressions sur le chantier des Halles : Elle faisait un reportage pour son école … Je ne me suis pas gênée pour lui dire ce que j’en pensais … J’espère qu’elle aura une bonne note !

En sortant de l’eau, sur le bord du bassin, un vieux chinois en maillot m’a adressé la parole, peut-être a-t-il vu que j’étais fatiguée : Il parlait trés mal français …Il m’a dit de faire une soupe de riz avec des légumes et il a fait le geste que ça allait passer à travers mon corps et me ramener la paix …

Je me suis attelée à ça en arrivant (auparavant j’avais acheté des légumes au magasin chinois qui est moins cher que le supermarket à coté de chez moi, mais vous me croirez si vous voulez, même pas réussi à faire cuire un riz thai potable … Pas assez cuit … Et la flemme pour les légumes … Demain… 🙂

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