De Paris en piscine Le blog de Papillonista

Samedi, je retourne nager…

Hier, je n’ai pas nagé non plus, la gorge en feu, mais comme ça se calmait un peu, et comme il avait arrêté de pleuvoir, j’ai fait une grande promenade , mais c’était assez stupide parce que c’était à l’heure où toutes les bagnoles étaient dehors…je suis rentrée un peu plus mal en point qu’au départ … Aujourd’hui, j’en ai eu assez de ne pas nager, et je suis partie à la piscine des Halles… 

D’abord je dois vous dire que chaque fois qu’il pleut, ça innonde le forum : l’autre jour c’était une cascade qui tombait sur le sol devant l’ascenseur, on recevait les gouttes sur le nez, et aujourd’hui, ils avaient mis des bacs pour recueillir les gouttes …Quand même, c’est étrange, cette super rénovation à coups de milliards, et pas fichus de faire une étanchéité … 🙂

La caissière avait l’air particulièrement en forme, avec un joli corsage, et des bijoux dorés trés fins, un collier, des boucles d’oreille…Et du rouge à lèvres … je trouve qu’elle a un visage agréable… Toutes les caissières de Berlioux , d’ailleurs … Elles sont plutôt jolies…Quelques fois, je les rencontre à l’extérieur, et je suis surprise car, comme on ne voit pas leur taille réelle, elles semblent plus petites que lorsqu’elles sont derrière la caisse… 🙂

La caissière m’a dit qu’elle se maquillait uniquement quand elle ne se sentait pas bien…Moins bien elle se sent, plus elle s’arrange … J’ai trouvé ça trés trés trés curieux, parce que moi, c’est exactement le contraire …Quand je ne me sens pas bien, je ne fais aucun effort et je ressemble à une harpie … 🙂 … Je me dis « A quoi bon ? »

Dans le bassin, pas trop de monde… cependant, l’eau était trés sale…j’ai eu peur que ma gorge n’en pâtisse, mais bon, j’ai continué vaillamment à nager en remettant mon sort aux mânes des défenses immunitaires … 🙂 A un moment, j’entendis clairement une voix, qui n’était pas celle de mon Cheval, en train de me dire « Eau du Gange »… que j’estimai un peu exagérée tout de même… je compris que cette voix intérieure faisait une comparaison avec la flotte de la piscine … Au même moment, je reçus un coup de pied, de la part du gars à cheveux longs dont j’ai parlé il y a quelques jours , et j’avalai malheureusement une gorgée du liquide … le gars était de retour … heureusement, il sortit immédiatement de la ligne pour faire des exercices à sec avec son copain …

Sur la berge, il y avait un autre gars à l’allure d’anachorète, (barbe fine et bouclée, corps hâve et blanc , slip de bain qui faisait penser à un turban de fakir) qui lui aussi faisait des exercices bizarres devant l’assemblée des nageurs … 🙂

A ma droite, nageait la fille du Racing, qui avait l’air en pleine forme, et qui faisait des ondulations en planche à vitesse supersonique. Elle semblait avoir retrouvé toutes ses facultés… Il y avait aussi une nana , dans le couloir 1, que je vois assez souvent, et qui nage pas trop mal, mais pas trés vite, avec un bonnêt siglé.

Le gars qui fait de la boxe thaï est arrivé, et s’est mis à gesticuler … Il a intégré un nouvel exercice : Il soulève à bout de bras la chaise haute des maitres-nageurs et la manipule comme si c’était une allumette … 🙂 …Personne ne moufte ! … 😮 😮

Quelqu’un est venu me raconter avec simplicité qu’il avait beaucoup de peine, ayant perdu récemment un ami dans les attentats de Bruxelles : Son ami vivait à l’étranger (dans le même pays dont est originaire la personne qui me parlait), il était belge, et revenait seulement pour travailler en Belgique : Il était ingénieur du son (ou preneur du son) dans le cinéma… Et la fatalité a voulu qu’il se trouve dans le métro à Bruxelles lors de l’attentat.

La personne qui me parlait avait tourné dans son dernier film(le rôle principal)…Le film n’est pas encore sorti… La mort de son ami l’affectait beaucoup…Il était resté, là, à Berlioux, une heure assis sur le bord sans pouvoir nager…Il pensait que de venir à la piscine allait lui faire oublier, mais pas du tout … Il n’a fait qu’y penser plus…Je ne savais trop quoi lui dire…Il n’y a rien à dire…je lui ai suggéré d’aller à Bruxelles, il m’a dit qu’il y avait pensé, avant de repartir dans son pays vers le 12 avril…Il ira mettre une rose là-bas…Son ami laisse 2 enfants orphelins…

Je n’ai pas nagé énormément, mais une heure pile … Moins les quelques minutes de discussion…Le point commun entre tous les nageurs était qu’une grande majorité ne tenait pas sa droite. Les gars étaient spécialement lents, en plus…mais moi aussi…je me suis sentie vraiment bien 40 minutes après le début…C’est terrible de mettre tant de temps à rentrer dans le vif du sujet … 🙂 mais ça vaut le coup, parce que quand on se sent bien, on se sent vraiment bien…dans l’immédiateté, et en pleine possessions de ses moyens…Voilà ma définition du bien-être … 🙂

J’ai essayé de faire des exercices en papillon ; une amie MNS m’avait dit de gainer les abdos en pap, et d’essayer de nager lentement, c’est ce que j’ai essayé de faire, et, curieusement, en décomposant les mouvements, je suis arrivée à faire 25m sans m’épuiser…de plus, elle m’avait dit que les fesses ne devaient jamais se trouver sous l’eau…C’est à dire qu’on ne doit pas accentuer le mouvement d’ondulation: A un moment j’ai regardé la nageuse du Racing qui le nageait, et ses fesses sortaient tout le temps de l’eau… Je me suis  évertuée à faire pareil, ça marchait plutôt bien…Un truc à creuser, donc ! Il y avait un autre gars qui nageait le pap aussi, mais il était au dessous de tout…ahahha,  je NE  SUIS PLUS la plus mauvaise nageuse de pap du couloir ! ! ! … 🙂 🙂 😀 😛 😀 😛

 Après cela, j’ai passé 10 minutes à discuter avec quelqu’un du staff, que j’aime bien, et puis j’ai quitté la piscine. La foule du samedi envahissait le forum .

Mon commentaire de ce jour est si plat que je termine avec la suite et fin du poème de Jean Genet : Au moins vous aurez lu quelque chose d’intéressant aujourd’hui :

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Un clop mouillé suffit à nous désoler tous.

Dressé seul au dessus des rigides fougères

Le plus jeune est posé sur ses hanches légères

Immobile,  attendant d’être sacré l’époux.

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Et les vieux assassins se pressant pour le rite

Accroupis dans le soir tirent d’un bâton sec

Un peu de feu que vole, actif, le petit mec

Plus émouvant et pur qu’une émouvante bite.

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Le bandit le plus dur, dans ses muscles polis

Se courbe de respect devant ce gamin frêle.

Monte la lune au ciel. S’apaise une querelle.

Bougent du drapeau noir les mystérieux plis.

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T’enveloppent si fin, tes gestes de dentelle !

Une épaule appuyée au palmier rougissant

Tu fumes. La fumée en ta gorge descend

Tandis que les bagnards, en danse solennelle,

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Graves, silentieux, à tour de rôle, enfant,

Vont prendre sur ta bouche une goutte embaumée,

Une goutte, pas deux, de la ronde fumée

Que leur coule ta langue. O frangin triomphant,

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Divinité terrible, invisible et méchante,

Tu restes impassible, aigu, de clair métal,

Attentif à toi seul, distributeur fatal

Enlevé sur le fil de ton hamac qui chante.

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Ton âme délicate est par delà les monts

Accompagnant encor la fuite ensorcelée

D’un évadé du bagne au fond d’une vallée

Mort, sans penser à toi, d’une balle aux poumons.

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Elève-toi dans l’air de la lune, ô ma gosse.

Viens couler dans ma bouche un peu de sperme lourd

Qui roule de ta gorge à mes dents, mon Amour,

Pour féconder enfin nos adorables noces.

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Colle ton corps ravi contre le mien qui meurt

D’enculer la plus tendre et douce des fripouilles.

En soupesant charmé tes rondes, blondes couilles,

Mon vit de marbre noir t’enfile jusqu’au coeur.

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O vise-le dressé dans son couchant qui brûle

Et va me consumer ! J’en ai pour peu de temps,

Si vous l’osez, venez, sortez de vos étangs,

Vos marais, votre boue où vous faites des bulles

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Ames de mes tués ! Tuez-moi ! Brûlez-moi !

Michel-Ange exténué, j’ai taillé dans la vie

mais la beauté Seigneur, toujours je l’ai servie

Mon ventre, mes genoux, mes mains roses d’émoi.

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Les coqs du poulailler, l’alouette gauloise,

Les boites du laitier, une cloche dans l’air,

Un pas sur le gravier, mon carreau blanc et clair,

C’est le luisant joyeux sur la prison d’ardoise.

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Messieurs, je n’ai pas peur ! Si ma tête roulait

Dans le son du panier avec ta tête blanche,

La mienne par bonheur sur ta gracile hanche

Ou pour plus de beauté, sur ton cou mon poulet…

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Attention ! Roi tragique à la bouche entr’ouverte

J’accède à tes jardins de sable désolés,

Où tu bandes, figé, seul, et deux doigts levés,

D’un voile de lin bleu ta tête recouverte.

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Par un délire idiot je vois ton double pur !

Amour ! Chanson ! Ma reine ! Est-ce un spectre mâle

Entrevu lors des jeux dans ta prunelle pâle

Qui m’examine ainsi sur le plâtre du mur ?

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Ne sois pas rigoureux, laisse chanter matine

A ton coeur bohémien ; m’accorde un seul baiser…

Mon Dieu, je vais claquer sans te pouvoir presser

Dans ma vie une fois sur mon coeur et ma pine !

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Pardonnez-moi mon Dieu parce que j’ai péché !

Les larmes de ma voix, ma fièvre, ma souffrance,

Le mal de m’envoler du beau Pays de France

N’est-ce assez mon Seigneur pour aller me coucher

Trébuchant d’espérance

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Dans vos bras embaumés, dans vos châteaux de neige !

Seigneur des lieux obscurs, je sais encore prier.

C’est moi mon père un jour qui me suis écrié :

Gloire au plus haut du ciel au dieu qui me protège

Hermès au tendre pied !

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Je demande à la mort la paix, les longs sommeils,

Le chant des séraphins, leurs parfums, leurs guirlandes,

Les angelots de laine en chaude houppelande,

Et j’espère des nuits sans lunes ni soleils

Sur d’immobiles landes.

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Ce n’est pas ce matin que l’on me guillotine.

Je peux dormir tranquille. A l’étage au dessus

Mon mignon paresseux, ma perle, mon Jésus

S’éveille. Il va cogner de sa dure bottine

A mon crâne tondu.

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Il parait qu’à coté vit un épileptique.

La prison dort debout au noir d’un chant des morts

Si des marins sur l’eau voient s’avancer les ports.

Mes dormeurs vont s’enfuir vers une autre Amérique.

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Jean Genet a dédié ce poème à la mémoire de son ami Maurice Pilorge, qui fut condamné d’abord à 20 ans de travaux forcés pour cambriolage de villas sur la côte, et le lendemain, parce qu’il avait tué son amant Escudero pour le voler,  à la peine de mort…C’était en 1939… Le poème s’appelle  « le condamné à mort » pour cela …

 

 

 

 

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