Crépuscule étendant ses bras d’ombre sur Trouville (calvados)
Autant la ville était frénétique today, avec des gens partout, que l’air vif excitait, des autobus pleins de pékins de toutes sortes,de toutes couleurs , avec des bonnêts, des écharpes, des casquettes , des chapeaux à oreilles ou des cheveux , des lunettes, des feux rouges qui n’en finissaient pas de laisser passer au compte goutte la litanie des bagnoles, motos, scooters, vans, camionnettes,camions, autocars, autobus, voitures de police, de Samu, de pompiers, de protection civile, des cyclistes plus déterminés que jamais à se suicider collectivement à l’aide d’angles morts,
autant la piscine Berlioux était un hâvre … sans queue, sans personne dedans, sans copains, sans habitués, sans manants, sans leçons, et avec 3 MNS gentils, en plus … 🙂 🙂
Je revenais du palais du Roy Merlin, dans le vieux quartier aux ruelles encaissées du Grand Buteau ... 😉
Le Palais du Roy Merlin est le paradis du pékin consommateur frénétique du jour du sabbat, et aujourd’hui, un long, long, long serpent de queue s’enroulait autour des étals (aussi long que le kilométrage des intestins que parait-il nous logeons dans notre panse ), tandis que les appareils chromés , alignés comme des soldats, avalaient nos deniers sous quelque forme que ce fût , ventousés par une bouche fendue comme un sourire, ou aspirés par la machine à gravillons dans un cliquetis rocailleux , restituant, en fin de parcours (et après avoir laissé plusieurs longues secondes sans aucune activité de la machine, juste pour nous tester …partirait-on en oubliant la monnaie ... 🙂 ..;), restituant, en fin de parcours une ou deux maigres piécettes que mon Cheval contempla avec inquiétude et étonnement ... 🙂 , et qui suscitèrent ce commentaire de sa part « Quoi …c’est tout ce qui reste du gros billet enfourné ? il doit y avoir erreur … » …
A quoi la machine répondit d’un ton caverneux, venant du plus profond de son être de tiroir-caisse » Quoi, que quoi ? tout est normal ! tout est à quelque chose virgule quatre-vingt-dix-neuf, et tous ces quatre-vingt-dix-neuf s’additionnent pour donner d’estimables totaux bien gras et pansus … Tout le monde doit vivre ! » … 🙂 🙂
En quittant le palais du Roy, je glissai à mon Cheval que les propriétaires étaient peut-être, tu sais, cette famille, là, qui a développé ces palais du bazar dans toute les contrées, mais qui a pris sa résidence personnelle plus au nord, dans le royaume des Flandres , pour échapper aux taxes , gabelles et impôts divers qui pleuvent ici sur le bas-peuple ..; 🙂
Ayant arrimé les emplettes sur mon Cheval Charlie, je monte moi aussi sur son dos, et nous essayons de nous frayer un passage à travers la foule dense , jusqu’à la baignade publique à quelque demi lieue de là, nous repérant au clocher de la Sainte Moustache, qu’on apercevait tout fiérot au dessus des toits … 🙂
Frappant du sabot pour écarter les pauvres mendiants qui criaient famine autour de quelques potelets faméliques, mon Cheval Charlie se cabrait presqu’à chaque pas pour ne pas écraser les nombreux inconséquents venant de tous les azimuths ... Nous remarquâmes que les lieux sont toujours en complet bouleversement, d’une semaine à l’autre …là, ce sont encore de grandes étendues (dont on pensait qu’on allait les laisser telles quelles ) qui sont nouvellement barrées de palissades , tandis que des escadrons de tâcherons venus des outre-mers pour beaucoup, s’occupent à creuser, remuer, construire et déconstruire, ériger, puis abattre, délimiter, frapper, enterrer, et que sais-je,
« et si c’est pour accoucher d’une surface plate parsemée d’herbe maigre » hennit Charlie, « fuck off »...
« Voila que tu parles anglais, toi, maintenant », je lui fais … 🙂
« Uniquement quand je m’adresse au Bon Dieu, ou alors quand je dis un gros mot », me répond-il sous l’oeil narquois d’un gros rat qui renonce à s’en prendre à une poubelle parce que nous arrivons, et qui s’enfuit vers la Seine ... 😀 😀
Chez Suzie de bonne espérance, je ne nage pas longtemps, mais trés intensivement … il y a 4 ou 5 personnes dans le couloir, et l’homo-berliouxus-sapiens-sapiens est sur-représenté… 🙂
Homo Berliouxus en pleine santé, mais un peu retardé quand même, point de vue technique de natation …
🙂
mais comme c’est des jeunes de moins de 30 ans, ça brasse de l’eau à tout va , et ça essaie d’aller vite … J’ai tout-à-fait ma place dans ce carrousel, je ne dépare pas, mais du coup, entrainée par l’allure, je nage moi aussi du plus vite que je peux, et comme un cochon …n’importe comment, et peu importe, le principal, c’est d’aller vite … 🙂
Arrive une jeune nana, qui nage aussi spécialement mal, avec des bras et des jambes dans tous les sens, qui gigote beaucoup, mais qui ne veut pas s’arrêter … 🙂
Nous sommes tous accrochés les uns derrière les autres, comme des wagons sur une voie de chemin de fer qui nous mène direct en enfer … c’est trés agréable, grosse production d’endorphines chez tout le monde, je suppose … je les sens encore, plusieurs heures après … ce qui me fait voir la vie du bon coté … car j’ai pris un bus quelques heures avant, et c’était déprimant … d’abord, en plus du fait qu’il était plein, je ne voyais autour de moi que des vieilles personnes avec tous une pathologie … 🙂 …par exemple, j’étais assise en face d’un vieux monsieur … qui aspirait un truc(probablement liquide)à l’aide d’une canule, quelque chose qui était dans sa poche …Comme un blessé à l’hopital, avec une poche de sérum qui se déverse … Et les autres personnes alentour, c’était du même tonneau …tous les vieux de Paris s’étaient donné rendez-vous dans ce bus … 🙂
Le truc de la vieillesse, le marqueur, c’est que tu ne vois plus personne, tu es enfermé en toi-même … plus personne, plus rien ne t’intéresse … tu es probablement fixé sur tes pathologies … en train de guetter, p’têtre, le moment où quelque petit vaisseau va se rompre dans ton cerveau et te réduire à l’état de légume … ou alors tu deviens gâteux , tu oublies ce que tu viens de faire la minute d’avant (rien, probablement..; 🙂 … ou alors les eules personnes qui comptent sont tes petits enfants, qui se fichent de toi comme de l’an 1939 … 🙂 …
Bref, c’était assez sinistre, comme ambiance, et heureusement que le topo, à Berlioux, c’est radicalement le contraire … le couloir des ancêtres, ce serait plutôt le 2, à choisir, parce que c’est plus plan-plan de nager avec palmes, mais dans la 1 et la 3, c’est le beau garçon baraqué de moins de 30 ans qui fait florès … 🙂 …et de temps en temps quelque jeune fille pleine d’espoir, qui a entendu parler de la natation … 😉 😀
Bon, je rigole …je me suis fait draguer par quelqu’un dont je pouvais voir qu’il avait la tête pleine d’une libido active, et du coup ç m’a mise de bonne humeur ...
Et puis il y avait la MNS que j’aime bien, alors c’était cool … 🙂