Je ne savais pas si j’irais à Dunois ou à Le Gall, je savais seulement que je prendrais les quais le long du fleuve, bien emmitouflée (je fais des essais de doudounes en ce moment car j’ai décidé de jeter tout ce qui n’était pas strictement indispensable). En fait je ne les jette pas, ces vêtements, je les donne à la dame qui mendie avec un lapin en bas de chez moi : Installée à l’arrière de l’église, et le lapin angora trés joli,blanc avec des taches cuivrées, comme un chat avec une petite laisse, remplace le bébé qu’elle aurait amené avec elle en d’autres temps… Donc hier j’ai essayé une doudoune à capuche (que j’ignorais posséder), et qui avait l’air bien, mais qui s’est avérée moins chaude que la bonne vieille doudoune que j’ai mise aujourd’hui… 🙂
Je prends les quais et arrive trés vite devant les amas qui signent la résidence de la BRIGADE FLUVIALE, et qui d’une semaine à l’autre, d’un jour à l’autre, ne sont jamais disposés pareil : Là c’était plein de hors-bords en caoutchouc noir avec des moteurs Yamaha qui occupaient l’espace devant la Brigade. Certains de ces bateaux étaient si encombrés à l’intérieur que je me demandai où les policiers pouvaient bien s’asseoir…
Traverser le grand M… aux abords d’Austerlitz est une entreprise non seulement dangereuse et épuisante à cause des gaz d’échappement, mais aussi énormément fastidieuse, ce sont plusieurs minutes de vie perdues : A attendre le feu vert piéton pour une portion de route, puis à courir avec le feu au cul pour la portion suivante, tout en faisant de son mieux pour éviter les motos qui foncent, les cyclistes qui surgissent de partout et brûlent les feux rouges, ainsi que les trotinettes éventuelles, et autres rollers, + les mains tendues des pauvres gens qui dorment un peu partout à cet endroit… Carrefour de la planète… Je me suis demandé pourquoi je n’avais pas vu un seul type dans la rue à Villejuif, par exemple, sur le trajet vers la piscine Youri, et pourquoi il y en a tant sur la place vers Austerlitz…J’ai pas l’impression que ce qu’on leur donne soit plus juteux à Austerlitz… Toute la place est prise de frénésie, c’est l’un des carrefours telluriques de paris, faut croire…
Mon Cheval me souffla donc dans l’oreille d’éviter la place en passant au dessous … (c’est un Cheval qui murmure à l’oreille des humains), ce que je fis avec bonheur, car tout était paisible, bien que rempli de détritus (tous les détritus de la place aboutissent en contrebas, faut croire… Donc je pris sous le pont, non sans remarquer les bas reliefs du pont, crasseux, pas ravalés, d’où émergent des pattes griffues et des têtes de lions…Quand je te dis que le lion est partout dans la ville, me dit mon Cheval, c’est lui qui a la part belle… Et puis 5 arbres noueux et hauts dont on a coupé les branches les plus basses : Les cicatrices font comme un serti de miroir avec une surface ronde, noire et plane : Leur met-on un cicatrisant pour que ce soit si lisse ? Des joggers qui passent sous un tunnel, et le paysage qui change radicalement, passé le pont… Que de la construction moderne et deshumanisée, des carrés, des cubes qui s’empilent, à droite comme à gauche, avec des façades de plastique, et de la pub au sommet, pour former un skyline 21ème siècle…
Je regarde les ponts et je me demande comment ils les construisaient, dans le temps… Vidait-on la Seine, pour ériger les piles ? Vrai, comment faisait-on ?
Après le pont du métro aérien, repeint en gris chaud, c’est un paysage de péniches amarrées, les unes contre les autres, 2 ou 3 de front, avec un quai qui s’élargit et sur lequel on a recommencé à planter de jeunes arbres alignés , l’Institut Parisien de la Mode, d’une laideur affligeante (quand même si Paris est la capitale de la mode, on aurait pu se fendre de quelque chose de plus beau… je ne comprends pas…Mettre des centaines de millions d’euros dans des horreurs au centre de Paris et pas un rond pour cet Institut de la Mode (on voit que ça a manqué de sous, ça fait trés cheap, c’est un bâtiment de béton qui a été laissé tel quel à l’extérieur, et on a rajouté un ruban vert prétentiard le long de la façade pour faire branché ) (mais après tout, peut-être est-ce superbe à l’intérieur, va savoir…) 🙂
L’air, sur le quai, sent le brûlis, sent novembre, et c’est agréable… Et après j’enquille BERCY, (le bâtiment du Ministère est immense et s’étend aussi , après un coude, sur une partie qui remonte vers Dugommier, on voit que les PHYNANCES sont une affaire sérieuse, et que dépouiller Jacques pour habiller Pierre, comme ils font actuellement, ne se traite pas à la légère…) Les prétextes et les textes sont concoctés, mis au point dans ce splendide bâtiment … Qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à ses rejetons, les portiques d’éco-taxe (physiquement, je veux dire…Vrai, Bercy est une succession de portiques mis bout-à-bout, comme des LEGOS, si si, regardez bien… Non je ne charrie pas… 🙂
Et comme partout dans Paris, ville de contrastes, juste après Bercy, je passe sous le tunnel de la voie ferrée, du coté gauche où sont installées des lumières bleutées sur quelques mètres, fracas des trains qui roulent au dessus, des voitures à toute vitesse, (chacun essaie d’aller le plus vite possible dans cet endroit deshérité, sauf moi qui aime bien car il n’y a que peu de monde), et bien sur, juste là, un campement de vieux cartons avec un toit, comme un tunnel dans le tunnel, avec aussi des journaux, une garde robe pendue, enfin une maison dans le fracas… Les gens qui n’ont pas de maison sont des bâtisseurs ingénieux, cela ne fait aucun doute… 🙂
Enfin le quartier Daumesnil, antichambre de Roger-Le-Gall : Il y avait un marché de produits du terroir sur l’avenue : Ces derniers temps j’essaie de n’acheter que de la nourriture française, c’est difficile : les fruits par exemple, viennent de partout dans le monde, et bien souvent il n’y a même pas de raisin français, le chasselas (français) n’est que dans certaines boutiques, sinon c’est Italien, parce que c’est moins cher, et il ne reste que les pommes, de France, presque…
Arrivée à Roger-Le-Gall : Comme c’était mon jour de repos, je n’ai pas nagé grand chose, un peu avec des palmes, mais c’était bien d’être là, impression d’être at home… Plus rien à dire…A la prochaine…
Ah, si : 2 trucs qui m’on fait marrer, dans les journaux : Quelqu’un, sur la liste d’une candidate à la Mairie, pour le 11ème, s’appelle Mr Bohbot… Le 11ème étant, parait-il l’arrondissement des bobos par excellence… Et puis le journal relate le problème de gens bloqués 1 semaine en haut du Pic du Midi de Bigorre, à 3000m (le téléphérique les a amenés puis est tombé en panne, ils ne manquent de rien, mais ne peuvent redescendre, ce sont pour la plupart des techniciens) eh bien l’un d’eux s’appelle Mr David Neel (prénom David, nom Neel), et c’est marrant à cause d’Alexandra David Neel, grande voyageuse sur les hauteurs justement, au 20ème siècle… Voila, c’est marrant, c’est tout.. Non ? Siiiii… 🙂 🙂 🙂