( Anges et démons au fronton de l’Eglise Saint Merri) photo de C. Lebranchu … Je suis preneuse de toutes sortes de photos, pour ce blog, Mme Lebranchu, surtout quand elles sont de qualité, comme les votres …On ne se douterait pas que le Diable en personne est installé au faîte d’une église, quand même … C’est un Diable féminin, en plus … va savoir son histoire …
Ayé … j’ai repris le pap, et ça en jetait bien aujourd’hui, de nouveau … Je retrouve les sensations, et la force du battement … Le secret est dans le battement, qu’on peut aussi nommer ondulation … « Si tu fais ton 2ème battement correctement », me dit le Cheval, « tu vas te soulever sans effort, et comme par miracle, les bras sortiront sans problème et sans pomper d’énergie, et les gens te diront « oh, il est beau, votre pap … et toi, tu diras modestement, en essuyant tes lunettes , oh, vous croyez … J’ai encore des progrès à faire ... » 🙂 😉
Hier, j’ai nagé tard, à la dernière heure, à Berlioux … J’avais tout calculé pour arriver à 20h20, 10 minutes de désapage, et 57 minutes de natation (je sors 3 minutes avant pour ne pas faire suer les cabinières , ces petites dames incroyablement dévouées … ) Je vais dire un mot des cabinières, avant de passer à la séquence sous l’eau : Elles ont une grande énergie, et frottent, nettoient, essuient, sans discontinuer, presque … les lieux sont nickel … Quelques fois, j’ai honte d’arriver mouillée depuis la douche, dans les vestiaires qui sont secs par terre … Alors je me secoue comme un chien schflash, fllououp, schlplashh, je m’ébroue , pour en mettre le moins possible par terre … leur travail comment dire, c’est comme cette légende grecque, le gars qui porte un truc qui tombe sans arrêt, je me demande si ce n’est pas le mythe de Sysiphe(Sisyphe …? allez, encore de sblèmes d’orthographe), ou alors Prométhée, ou alors le tonneau des Danaïdes, on le remplit sans arrêt, et il est toujours vide…Voila, c’est ça, mais à l’envers … Elles assèchent le sol sans arrêt, et il est toujours mouillé … 🙂 😉 🙂 😛
Beaucoup de respect pour les petites dames de Berlioux … En ce moment, il y a Hélène (elle permettra que je donne son nom … ), et deux autres en alternance, qui sont d’origine asiatique, toutes les trois, viet-nam, ou Cambodge, ou …Enfin, par là … Elles ont un accent quand elles parlent, et elles sont juste contentes d’avoir un travail, parce que là d’où elles viennent, là où se trouve encore une partie de leur famille, c’est plutôt la misère … Alors elles ne se plaignent jamais, ne revendiquent rien, et sont extraordinairement joyeuses … (elles prennent des fous-rires, ensemble, parfois, les vestiaires de Berlioux sont trés gais … Non, sans jeux de mots … 🙂 😉 😀 😀
Dans l’après-midi , j’avais sauté dans un bus, le 61, à la gare de Lyon, direction Porte de Pantin, et tout de suite la chauffeur de bus (nooon, on ne dit pas « Chauffeuse de bus, surement pas … 🙂 …) m’a tapé dans l’oeil … 🙂 … Certains vieux chauffeurs de bus sont tout bonnement imbuvables, à Paris, font la g… en permanence, et il vaut mieux ne rien leur demander … ce sont les champions du tic qu’ont en ce moment beaucoup de gens … Vous leur demandez un truc, ils commencent par faire la g… en disant « Bonjour… » et puis « Bonjour… » avec toutes les nuances de l’excédé … C’est-à-dire qu’on a oublié de leur dire bonjour en préambule , et ils vous le rappellent …(mais moi je trouve ça idiot, j’entre de plain pied dans une conversation avec un inconnu, je ne perds pas de temps à des salamalecs, quelques fois, et ça m’est égal que les gens fassent de même avec moi, mais bon …
Ou alors, les chauffeurs sont des jeunes extraits de la banlieue, et ceux que je préfère ce sont ceux qui ont certes eu un petit passé de je m’en foutiste (ça se sent), mais qui ont récupéré le filin à temps, ont passé les examens et les stages de conduite de bus, et sont tout contents de pas trop mal gagner leur vie, avec un coté débonnaire et cool … Voila, cool … les chauffeurs afro-français (je viens d’inventer ça, pourquoi pas , on parle bien d’ afro-américains…) ou alors caraibo-français, les domtomiens, sont les plus cool, il leur arrive même de plaisanter, et ils ont souvent une manière de conduire tout en doigté et douceur, même dans les embouteillages, ne s’énervent pas …
Et cette chauffeur de bus, elle, était une belle fille d’une quarantaine d’années, qui a commencé à me raconter qu’elle était sud-Américaine, et de quel pays croyais-je qu’elle était … de Colombie, je lui dis … Ou alors du Vénézuéla … Chili, peut-être ? Eh bien non, elle était espagnole, avec un délicieux accent, de la Côte Basque, coté espagnol, et elle était venue à Paris par amour, oui … mais là, elle était seule, et la voila qui me raconte à quel point c’était le pied d’être seule et tranquille, quand on rentre chez soi … Elle prêchait pour une convertie, je dois dire, car, bien que mon mari soit à la maison, c’est exactement, parfois, comme s’il n’était pas là, et moi aussi, je fais ce que je veux … 🙂
Si vous prenez le bus 61, c’est l’une des chauffeurs de la ligne, depuis 15 ans … Une belle femme brune avec des cheveux longs ondulés et un sourire ravageur … Say hello for me … Si vous la voyez, ne dites pas que je vous ai prévenus, mais commencez à lui parler de l’Amérique du Sud, dont elle rêve, et spécialement de l’Argentine … heureusement que j’ai quelqu’un de ma famille là-bas et que j’ai pu lui raconter une ou deux légendes à propos d’un Buenos-Ayres plus authentique que nature … 🙂 😉 … Et si vous êtes un argentin de Paris, alors prenez le bus 61 , dans les 2 sens, jusqu’à ce que vous la rencontriez …
🙂 … A Berlioux, hier, la dernière heure était encombrée … Le jeudi soir n’est pas le jour où nager chez Suzie … D’abord il y a le fichu cours de palmipèdes sur 2 couloirs jusqu’à 1/2h avant la fermeture … Du coup, ils tendent une autre ligne pour mettre un couloir de plus à disposition, mais ça ressemble à l’enfer, grouillant de bras, de pieds, de têtes avec du caoutchouc sur l’occiput, de n’importe quoi, des corps sur l’eau, sous l’eau, entre 2 eaux, des corps partout … Donc, direction le portnawak en espérant y arriver quand même, mais j’ai bien vite pris la planche pour affronter la mêlée …
Une demi-heure avant la fin, le cours s’arrête, et 2 couloirs se libèrent …Les gens commencent à partir, et ça devient nageable … Les frustrés se jettent à corps perdu dans l’onde, et il vaut mieux ne pas penser à ce qui flotte entre 2 eaux … Bah… Il faut bien mourir de quelque chose … Requinquée j’étais, quand même, en sortant de là …
Et aujourd’hui, tout pareil, impossible d’arriver plus tôt que 18h45 … Mais c’était vendredi, et ça changeait tout … Les gens sortent, le vendredi, et du coup c’était correct, malgré les habituels pressés de s’agiter, tel ce garçon qui n’arrêtait pas, avec un bonnêt bleu, (je devais me garer quand il passait de l’autre coté), ça allait bien … Et le petit coup de pap était la cerise sur le gateau d’une bonne séance … 😉 🙂
En sortant, je trouve un vieux journal, que je lis en marchant (j’arrive à faire plusieurs choses en même temps, maintenant, par exemple marcher en me brossant les dents, et en lisant un journal, tout en écoutant la radio … C’est fort, non ? nooon ? vous y arrivez aussi … ? ben alors … 🙂
Sur le journal on racontait l’histoire d’un gars qui était mort sur son canapé et qu’on avait retrouvé 6 ans plus tard … personne ne s’était inquiété de lui, et il n’y avait même pas d’odeur , enfin pas plus que ça (une odeur de vieux bouquins, je suppose, comme celle qu’on sent brièvement en passant devant un spécialiste des vieux livres reliés (rue Lagrange, presqu’au coin de la rue Dante), Jules Verne à couvertures rouges et lettres dorée … De la rue, en passant devant, on sent l’odeur de la bibliothèque de mon grand père …) Le Cheval, quant à lui, trouve que ça lui fait penser à l’écurie où il a vu le jour … Bof … Il n’y avait pas d’odeur parce que, au lieu de pourrir, le corps s’était momifié tout seul … Donc, les journalistes d’en faire une tartine à propos du pauvre gars qui est mort dans la solitude, et personne ne l’attendait nulle part … Et que notre époque est dure, et vive la fête des voisins, et les pubs du genre « Henriette a 85 ans, et elle est seule, donnez-lui un peu de votre temps, une attention ne coûte rien » … 🙂 … je veux dire … tant pis … Oui, la vie est dure, oui les gens sont des chiens, et aucune injonction au monde , aucune recommandation ne les poussera à se transformer en samaritains alors qu’ils ne sont que des loups , et de plus en plus des loups durs et égoistes … (pardon, le Loup, je t’aime comme un Cheval, c’est juste une manière de dire ... 🙂 …
Oui, eh bien, fuck off, solitude, aimez-la, votre solitude, elle vous représente comme personne , elle est VOUS … Elle est aussi dure et impitoyable que la Vie même, elle est aussi dure et impitoyable que VOUS … elle est bien à vous, au moins, elle … 🙂 … 😛 …
» En plus, personne ne peut te l’enlever , c’est donc un truc pérenne dont on peut se servir, et sur lequel on peut s’appuyer, qui ne se dérobera pas « , remarque mon Cheval, qui soudain prend un accent italien, de la Toscane, va savoir pourquoi … 🙂
Fuck off, la fête des voisins, et les demandes d’attention …Fuck off, Les demandes d’amour … Rien ni personne ne les satisfera jamais de toutes façons …
Le secret, quand on crève de solitude, c’est d’assurer ce qu’on peut assurer, et on peut toujours donner quelque chose, ça ne dépend que de nous … C’est beaucoup plus sympa que d’espérer recevoir, ou d’attendre, on n’est jamais déçu … 🙂 … Donner quelque chose à quelqu’un , quel qu’il soit (ou ne rien donner, si on en est capable), est extrêmement gratifiant et met de bonne humeur … Beaucoup plus que d’attendre un truc qui ne viendra jamais …Allons, il y a toujours quelque part, tout près, quelqu’un qui sera trés heureux de recevoir une petite attention venue d’ailleurs … Qu’on sera heureux de lui offrir … 🙂 quelque chose de matériel … Une offrande matérielle … Ou rien … Pourquoi pas … 😉 😀
Et puis ce gars retrouvé mort sur son canapé, qu’est-ce qu’on en sait … peut-être est-il parti dans la béatitude ? peut-être adorait-il être tout seul bien au chaud chez lui …? Ca rejoint ce que me disait la chauffeur du bus 61 … Après quelques années de bons et loyaux services auprès d’un monsieur, la voila qui ne désire rien tant que d’avoir la paix avec un bon livre et sa télé, après sa journée à parcourir les rues de Paris jusqu’à la Porte de pantin et retour … 🙂
Alors nous faites pas suer, les journalistes, avec cette horrible solitude, la mort solitaire, et tutti quanti … On est seuls de toutes façons, voila …Même mariés, même nantis d’enfants , même avec des amis, on est définitivement tout seuls au monde … (mais au bout du compte, on se rend compte, qu’on est toujours tout seul au monde …J’adore cette chanson, chantée par Fabienne Thibault, que devient-elle … ?) et c’est trés bien comme ça …
🙂 😉 😛 😀 😛 😀