Il y a un député, à l’Assemblée Nationale qui fut presque SDF à une époque de sa vie (chaque fois que je vais à Youri Gagarine, j’ai le temps de lire les journaux dans le métro, dès l’ouverture des portes, je fonce sur une place assise, et je déploie mon journal, enfin celui que je viens de récupérer…
Donc ce gars d’une cinquantaine d’années qui s’est fait élire député en 2012, est d’un milieu trés modeste, et a fait de multiples petits boulots…(rapporté par Le Figaro)…A une époque il était au RMI et logeait avec sa famille dans une cabane à l’orée d’un bois en banlieue sud…
« C’est presque ton histoire », me souffle mon cheval (qui sent le lait d’avoine bio ) , alors que nous sortons du métro à Villejuif-louis-Aragon, « toi aussi tu as logé quelques temps dans une cabane en pleine forêt des Maures »…
« Oui, et c’était trés étrange, il y avait des histoires de clefs qui apparaissaient et disparaissaient… En plus, car je marchais beaucoup à travers la forêt, pour rejoindre la civilisation, je croisais souvent sur le chemin un couple dont le mari était écrivain et avait fait profession d’un « Amour Toujours » pour la même femme, une belle grande femme brune (avec de fausses dents néammoins), il lui avait juré fidélité, et le chantait sur tous les toits, dans ses livres, dans ses chansons, car il écrivait des chansons pour une actrice connue, et… »
« Là on tombe dans le pipole, comme toujours », hennit mon Cheval en suçottant un pétale de Giroflée pour l’haleine , alors que nous cheminons vers le sud-ouest au soleil couchant (des bandes mordorées un peu mélancoliques dans le ciel au dessus des pavillons) « Attends la fin de l’histoire », je dis, « donc ce bel écrivain aux cheveux sombres et au séduisant visage typé car il avait des origines persanes,
(le premier qui trouve qui c’est-y-qui-c’est, a droit à un bonnêt en sillicone gratuit laissé dans la piscine de son choix 🙂 ) , ce bel écrivain, accompagné 24h/24 de sa belle femme jurait qu’il ne la quitterait jamais…En effet, c’était un peu avant DE NOS JOURS, c’était il y a assez longtemps, et à l’époque les femmes étaient beaucoup abandonnées par les mecs (et le contraire moins…) .
C’était une sorte de militantisme de sa part : Genre : Moi, contrairement à tous les mâles, je ne tromperai pas ma femme, je lui serai fidèle, je ne la quitterai pas… « Et alors…? « , fait le Cheval qui n’obtient pas souvent des succès amoureux car il demande beaucoup trop, « Et alors ? »… 🙂
« Eh bien, la fin de l’histoire, rideau, c’est qu’elle est devenue cinglée totalement, cette belle femme, imagine un peu, l’amour et la fidélité éternels, jurés, assumés, sans aucune surprise, de quoi rendre folle ! On croit que c’est ça qu’on veut, mais si par malheur on l’obtient, on n’y résiste pas… Et puis elle est morte…Et lui, le poète, s’est remis illico avec une autre… 🙂
« Ca me rappelle l’histoire d’Aragon le poête avec sa femme Elsa », dit le Cheval, pensif… » Soi-disant qu’il l’aimait à la folie, et qu’il n’aimait qu’elle, beau prétexte à écrire des trucs qu’on voudrait sublimes…, et puis au final, malgré les qualités de l’écrivain (pour Elsa, ça se discute, c’est assez ennuyeux, ses romans, ça pète pas lourd), on n’y croit pas tant que ça à ce grrrrand Aaaaamour »… « D’autant plus qu’à peine partie, le voila qui se remet avec quelqu’un d’autre… Des Grands Amours qui sont aussi de bonnes affaires pour la renommée publicitaire… »
Et c’est moi qui ai le mot de la fin, je lui coupe l’herbe sous le sabot : » Oui, si grand amour il y a, son immensité, sa densité, tout ce que tu veux, est proportionnelle au silence dont on l’entoure… ne le nommons pas… »
Mais cette canaille de canasson veut toujours parler le dernier et vous savez ce qu’il me sort, alors qu’il a toujours des histoires impossibles avec des Chevalettes beaucoup trop bronzées, beaucoup trop snobs et beaucoup trop sévèrement burnées pour sa pomme ?
» C’est parce qu’ils sont trop occupés à essayer de s’en sortir, les amants, quand c’est le grrrand aaaamour en vrai, ils n’ont pas le temps de publier, tu penses, ils se courent après en s’arrachant les cheveux la plupart du temps »…
Perfidement, il ajoute « et puis, il me semble que tu l’as déjà racontée cette histoire de poête fidèle dans la forêt des Maures… » Possible… Possible…
Ouf, ce Cheval m’épuise… heureusement qu’il ne nage pas… Il faisait presque sombre lorsque j’arrivai sur le bassin extérieur de Youri… Personne ou presque, à part 6 ou 7 gosses de l’entrainement, dans les couloirs du milieu… Seule dans mon couloir de 50m, réchauffée au bout de 5mns, eau à bonne température… Puis un Mr arriva, en crawl avec des gants, et nous fûmes 2 tandis que le couloir d’à coté accueillait 1 mec en papillon… nagé 3000 à peu près, principalement en brasse sans m’arrêter, le dos ne fonctionnait pas, le crawl avec plaquettes à la fin…
La lune se leva, derrière un nuage (juste au moment où je m’interrogeais sur sa venue ), et puis j’ai demandé à l’entraineur comment cela se passerait à la fermeture du 50m (car cette merveille va se mettre en vidange à la fin des vacances de novembre, hélas… Snif…) :
En fait ils ne s’entraineront plus (dans le 25) que les jours de fermeture au public. Durant les nocturnes ce sera ouvert sans les entrainements… a noter aussi que dès le 4 novembre, cette piscine prendra ses horaires d’hiver et les mardis et vendredis ce ne sera plus ouvert que jusqu’à 20h30… mais, avec la carte pour 3 mois, je peux aussi aller dans les 5 piscines de la communauté de communes du Val de Bièvre…je vais tester Le KREMLIN-BICÊTRE… 🙂 🙂 🙂
Je me sentais super bien à la fin, et je n’arrivais plus à partir, alors j’ai offert une soupe au distributeur du 3ème étage (avec vue sur les bassins) à mon Cheval…heureusement que personne ne l’a entendu commenter … Soi-disant qu’il y a dans cette piscine de Villejuif, des poids-lourds qu’on voit rarement à Paris (le pire c’est qu’il avait raison…), un peu comme à Toulon les Botero, et qui n’ont pas peur du froid en allant se tremper dans le 50 sous la bise…
« Finis ton histoire avec le député », souffle le Cheval sur mon épaule … Ah oui, eh bien, après des décennies de tribulations insensées pendant lesquelles il n’a jamais perdu espoir, quelle belle histoire, voila cet homme qui écoute un jour par hasard le discours d’une élue socialiste et qui trouve ça tellement bien qu’il revient dans les locaux le lendemain et les jours suivants pour aider…Et puis il prononce lui même un discours, un premier, et les socialistes du coin trouvent que sa parole est structurée, que ça éclaire, et qu’il a de bonnes idées…(gageons qu’elles étaient pragmatiques)…
Du coup, embauché…Du coup, élu député…Voila… tout ça pour dire que les gens qui ont l’expérience de la vie cabossée sont extrêmement précieux n’en doutons pas… Voila…
That’s all, folks… 🙂